Et si nous osions sublimer nos vies !

Laissez moi vous raconter l’histoire de Joël, venu me consulter pour essayez de trouver une solution à son mal être. Joël est arrivé à mon cabinet stressé, surmené et débordant de colère. Une colère si intense qu’elle nuisait à ses relations et commençait à impacter sa santé (lumbago, début d’ulcère et vertiges).

Lors de nos échanges, il me confie avoir toujours rêvé de faire du piano mais n’avait jamais eu le temps ni l’opportunité de s’y mettre. 

« Maintenant c’est trop tard… je suis trop vieux » me dit-il.

Je lui ai alors proposé deux challenges :

Le premier étant d’écrire tous les jours, à heure fixe, tout ce qui lui passe par la tête, même juste une phrase. Et pour être certain de ne pas oublier, de mettre une alarme sur son téléphone. 

Le deuxième étant d’impérativement commencer à prendre des cours de piano. Peu importe son âge, il devait imposer ce temps dans son planning.

Il l’a fait. 

Aujourd’hui, au bout de 6 mois de pratique, il est capable de jouer des morceaux du niveau d’un pianiste qui étudie depuis 3 ans. 

A croire que sa frustration était à la mesure de son talent !

Sa colère et son agressivité sont tombées en flèche.

Bien entendu cela n’a pas résolu toutes ses problématiques mais cela a largement contribué à ouvrir une fenêtre permettant un travail en profondeur.

Il a tout simplement sublimé son agressivité.

En cette période trouble, si anxiogène que les peurs font ressurgir en nous nos instincts grégaires de défense et d’agressivité et où l’art est relégué au second plan voire encore plus loin, je tenais à rappeler le principe vital de la sublimation.

La sublimation est la transformation des pulsions sexuelles et agressives (qui ne connaissent rien d’autre que la réalisation immédiate de ses buts dans l’ignorance des conséquences, tant vis-à-vis du sujet que vis-à-vis des autres) en expression « plus acceptables » en société : activités intellectuelles, culturelles, sportives…

Il existe un débat quant à la définition de la sublimation dans lequel je ne vais pas rentrer. Ce qui m’intéresse, ici, c’est que les fonctions pulsionnelles se transforment en pratiques ludiques, compétitives ou artistiques tout en gardant l’intensité de la pulsion. D’où l’implication et les sensations si fortes que l’on peut éprouver lorsque l’on crée. Mon professeur de théâtre (Luc Charpentier) nous disait toujours: « une création doit être vitale pour l’artiste, si non elle ne peut pas naître ».  

C’est tellement juste… Créer c’est vivre dans l’exaltation. Peu importe le résultat. Créer c’est exister en exprimant sa singularité.

Alors créez autant que vous le pouvez! Quel que soit le moyen d’expression.

Cuisinez dans le plaisir en osant innover dans le mélange des saveurs et des couleurs. Enivrez-vous des fumets qu’il en ressort. Riez quand la tentative est ratée. Oubliez la perfection. Prenez juste le temps du plaisir de créer.

Osez mettre la musique que vous aimez, celle là même que vous n’osez pas assumer en public mais qui vous a toujours fait vibrer. Montez le son et chantez comme une rock star. 

Dansez la vie aussi souvent que possible, et faites-le en osant tous les mouvements que nous ne faisons pas dans une soirée, trop inquiets du regard des autres.

Osez sortir de votre dictature intérieure qui vous impose la perfection si non rien !  Exhumez les colères, les tristesses qui vous rongent, en créant ! Seuls dans un premier temps puis, pas à pas, laissez vous la liberté d’oser le faire devant l’autre. 

Qui de cette recette de gâteau au chocolat et au vin que vous avez inventée et que vous allez faire goûter à vos amis.

Qui d’afficher son plus beau dessin bien en évidence mais peut-être pas encore signé.

Qui de ce pas de danse ridicule en incitant vos partenaires à vous imiter.

J’ai moi-même eue l’inspiration de cette article, en osant danser nue (seule évidement), musique à fond dans la piscine d’une maison de vacance.

Dans sublimation, il y a sublime ! Créer est un cadeau que vous faites au monde et à l’humanité. Quel que soit le résultat il rend grâce à la vie qui, à n’en pas douter, vous donnera en retour.

Pour finir, je vais vous partager une anecdocte illustrant mon propos :

Nous étions, mon compagnon et moi, en train de prendre un Café dans une boulangerie. A quelques tables plus loin, une femme accompagnée de deux amies s’amusait à chanter les situations qu’elle observait. 

« La femme chocolat » d’Olivia Ruiz en partageant sa brioche avec ses amies.

« Lily » de Pierre Perret au passage des éboueurs devant l’établissement…

Nous regardant, elle s’est mise à chanter « Quand on a que l’amour » de Brel. Nous l’avons chaleureusement applaudie, touchés par cette dédicace attentionnée. 

Sur le parking, au moment de grimper sur notre deux roues, la même femme nous interpelle « oh motards en plus »! Spontanément, inspirée par sa liberté, je lui chante « L’homme à la moto » de Piaf. 

Elle me regarde, surprise, avec un grand sourire et me propose de rejoindre la chorale qu’elle dirige. Je n’ai pas une voix exceptionnelle, non. 

J’ai juste osé… et la vie a relayé. 

L’Art est vital, certes, mais il est avant tout un don sublime à l’autre et à la vie. Il élève les consciences et nous permet de sortir de nos bas instincts.

Alors, libérons-nous du jugement des autres et donnons-nous ainsi qu’aux autres la permission de créer.

Et pour ceux qui auraient envie de franchir le pas mais n’osent pas encore l’assumer complètement, je me propose de vous permettre de le faire en accueillant vos créations, en toute discrétion en MP sur facebook ou par mail.