Se laisser inspirer plutôt que se comparer

Lorsque l’on vous raconte des parcours de vie exceptionnels, quel est votre premier sentiment ? La jalousie ou l’admiration ? l’enthousiasme ou la déprime ?

Souvent le premier réflexe est de se comparer : « ma vie est tellement plus banale que la sienne, ils ont mieux compris que moi, elle est plus belle, il plaît plus, il gagne mieux sa vie, il ou elle a plus de talent ». 

Il existe alors plusieurs types de réaction :

Les dominants vont voir l’autre comme un concurrent. Leur vie est une compétition. Le repos n’existe pas. L’insatisfaction est permanente. La pression est énorme. L’échec n’est pas une expérience, mais un désastre. 

Certains vont plonger dans l’autosatisfaction. Y a toujours pire. On n’est pas si mal. Alors, oui le moral en est moins atteint mais pour le dépassement de soi, on repassera !

La plus fréquente étant la dévalorisation. Le constat amer de la supériorité évidente de l’autre, débouche immanquablement sur une perte de confiance en soi. Vous finissez, alors, par dégouliner sur votre canapé, en éructant un terrible « A quoi bon… » face à ces destins extraordinaires. 

Tout le monde maîtrise l’art de la comparaison, c’est humain. C’est un réflexe si handicapant, alors, comment y échapper ? D’autant que nous y sommes confrontés dès le plus jeune âge, dans le cercle familial, à l’école : Qui ressemble le plus à qui… Qui a de meilleurs résultats scolaires… Qui est le plus sage… Lui est beau… elle, c’est le cerveau… Tant d’étiquettes exacerbant les rivalités.

J’en parle en connaissance de cause puisque mon frère et moi avons fait toute notre scolarité dans les mêmes classes, et que nos professeurs nous mettez sans cesse en compétition, confrontant nos résultats, nos compétences et nos comportements.

Toute une scolarité à nous comparer au lieu de nous apprendre à cultiver nos singularités. Difficile de sortir de ce vicieux réflexe, qui malheureusement se poursuit à l’âge adulte avec la comparaison de nos réussites professionnelles et personnelles. 

On juge nos réussites et nos échecs à ce que l’on imagine être l’idéal de l’autre, l’illusion de la perfection. Mais à force de s’évaluer, on finit par oublier d’être soi.

Laissez-moi vous raconter comment a germé l’idée de cet article. Je courais et me revenait en mémoire une conversation de la veille avec un ami au sujet de Grand Corps Malade. Sa vie, ses échecs, sa manière de dépasser son handicap, sa créativité et son sens du business, en font, à mes yeux, une source d’inspiration professionnelle. 

J’étais dans mon rythme de croisière, heureuse de cette foulée au lever du jour. Je pensais « inspiration / comparaison » et cherchais des exemples. A ce moment, une joggeuse, me dépassa, sans effort. En fusillant du regard cette femme qui me distanciait, mes premières pensées ne furent que colère. La vitesse à laquelle mes démons envahirent mon esprit, fut phénoménale. « Mais allez quoi, la limace comment tu traînes !!! tu es trop nulle. Elle est en train de te mettre une carotte … ». J’étais vexée. Moi, la marathonienne qui ne perd jamais l’occasion de frimer de mes performances, je me prenais une claque. 

Puis en regardant la coureuse s’éloigner, soudain, j’ai ri. Quelle « synchronicité / pied de nez » magnifique ! En plein dans le mille ! Je vivais ce processus de comparaison au lieu de profiter qu’elle soit devant moi pour observer sa foulée et en prendre de la graine. 

C’est bien notre égo qui enfle et désenfle au rythme des comparaisons et nous empêche de nous laisser inspirer. 

Et si au lieu de penser en « mieux » ou « moins bien », on se laissait être soi, inspiré par l’autre. Trouver le plaisir d’exister dans sa singularité et voir, en l’autre, le miroir de notre potentiel, à l’image de ce chat qui se voit lion dans le miroir. C’est souvent dans l’ignorance de la compétition ou de la faisabilité que les miracles apparaissent.

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » disait Mark Twain

Si vous êtes en perte de vitesse, prenez la même personne avec laquelle vous vous compariez, et voyez ce qu’il y a d’exaltant dans son travail, sa personnalité, sa vie… Laissez son histoire créer de l’émulation en vous. Pensez que ce qui vous attire, parle aussi de vous, de vos envies et donc de votre potentiel. 

« Rappelez-vous de regarder les étoiles et non vos pieds » Stephen Hawking

Pour finir, je vous propose un petit exercice : Le parcours du héros.

Écrivez, dessinez, chantez votre histoire comme le parcours d’un héros. Comme un témoignage de vie. 

Si vous racontiez votre histoire extraordinaire ? Qui seriez-vous ? Que feriez-vous ? Laissez-vous aller à tous les délires, sans freins. 

Laissez votre texte, dessin, chanson… de côté quelques jours puis reprenez-le et constatez ce qui parle de vous et de votre singularité. 

Puis posez-vous cette question : 

En quoi ma vie pourrait être source d’inspiration pour l’autre ?

Faut-il obligatoirement souffrir pour créer ?

En cette période si mouvementée où l’agressivité ambiante s’installe, je constate qu’une majorité de personnes, campées sur leurs certitudes et leur vérité, pointent du doigt, jugent, toisent. 

Il m’ a semblé important de rappeler que ces comportements ouvrent grand la porte à tous les « parleurs de malheurs », ces figures de notre psyché qui se régalent de nos doutes, nos peurs et nos haines. 

Or, cultiver ces « diseurs de malheur », ennemis de notre créativité, en projetant sur les autres sa colère, ne fait que nourrir les croyances et pensées négatives que l’on a sur soi. Résultat : On se critique aussi, beaucoup, et on tourne en rond en oubliant de s’ouvrir au monde, d’écouter, d’observer avec le cœur, alors que « l’essentiel est invisible pour les yeux » (Antoine de Saint-Exupéry).

Hier matin, après plusieurs jours de procrastination, la culpabilité m’a fait prendre ma guitare pour jouer mes morceaux fétiches et tenter de finaliser mes propres compositions. Je n’ai pas été motivée par le plaisir, mais par cette petite voix diabolique et assourdissante résonnant dans ma tête et reprochant ma fainéantise.

Résultat : je n’ai rien fait de bon et je me suis doublement flagellée. 

« Qu’est-ce que t’es nulle, tu n’arriveras jamais à rien… Franchement, t’es tout sauf une artiste… » et tout plein d’autres gentillesses du même acabit, en boucle. 

Le reste de ma journée s’est teintée d’une humeur maussade. Un jour sans.

Je suis pourtant une musicienne amatrice qui ne prétend pas faire carrière dans ce domaine. J’ai alors imaginé la souffrance du musicien professionnel qui subit la pression du label, du public, des dead-lines… et qui perd la joie de créer, qui perd ses repères d’artiste.

En me levant ce matin, je me suis demandée pourquoi je m’infligeais une telle souffrance ? Où était passé le plaisir de jouer et de casser joyeusement les oreilles de mes voisins. 

Autrement dit, où était passé cette transcendance magique des difficultés du quotidien par l’Art, dont nous avons tellement besoin aujourd’hui ?

Pour créer faut-il obligatoirement de la douleur, du sang, des larmes ?  L’image archétypale du poète maudit qui doit en baver pour créer est une croyance négative et toxique. 

En observant les enfants jouer, je suis comblée de constater à quel point leur imaginaire et la créativité qui en découle, sont exceptionnelles. Sont-ils dans la souffrance ? Absolument pas. Ils s’amusent

Et si notre baromètre était le plaisir et non plus, la douleur ? La joie plutôt que le drame ? 

On ne peut accéder au lâcher prise que dans la jouissance.

Cependant, tout n’est pas facile et amusant dans le travail de création. 

La technique, par exemple, est souvent perçue comme laborieuse mais indispensable à la qualité des œuvres. Être dans le plaisir ne signifie pas se satisfaire de la médiocrité pour éviter toutes difficultés. Créer est forcément inconfortable et nous fait vivre des bouleversements émotionnels importants. cf. mon précédent article « La création ne souffre pas la complaisance » (http://karinemarchi.fr/index.php/2021/02/08/466/).

Alors, comment trouver l’équilibre entre contrainte et plaisir ? Comment rester dans le lâcher prise et le plaisir tout en avançant dans ses projets ?

Pour la technique rien n’empêche de la travailler en s’amusant. J’aime l’énergie de cette coach vocale (elle travaille d’ailleurs beaucoup avec les enfants) qui propose des vocalises pétillantes, même dans sa voiture : https://www.youtube.com/watch?v=qBXmJosemaY

Pourquoi ne pas accueillir les obstacles comme des challenges ? Être exigeant, c’est aussi se lancer des défis ! Et qui dit défi, dit excitation voire jouissance.

Et puis, le plaisir n’empêche, en rien, d’avoir un cadre. Dans tous les divertissements il y a des règles du jeu, non ? Alors, quelles sont les vôtres ? 

Pour mes écrits ou mes mises en scène, les idées me viennent principalement lors d’activités qui n’ont rien à voir : sous la douche, en courant, en faisant le ménage (mais oui, aussi ! la corvée peut devenir joyeuse).

Pire encore, quand j’écris je m’interromps régulièrement pour faire autre chose. 

D’ailleurs, c’est ici que je fais une pause dans l’écriture de cet article pour aller étendre le linge !

Dispersion diront certains. Peut-être, mais avant tout, ma manière de créer dans la distraction.

La distraction de l’artiste, souvent jugée comme un manque de sérieux, d’efficacité et de concentration, est, à mon sens, indispensable à l’inspiration. Comment capter des idées qui planent autour de nous, si l’on se cloître en soi ?

Je fais alors de réguliers aller-retours entre mon ordinateur et une autre tâche. Peut-être une manière d’alléger chaque activité. Le seul vrai danger est le moment où je suis happée par ce que j’écris et que j’en oublie le reste. Un cimetière de casseroles brûlées en témoigne. 

C’est ma manière de prendre du recul sur ce que je crée, libérer de la pression et voir l’ensemble du tableau pour mieux avancer, en faisant fi du résultat.

Alors oui, aujourd’hui, j’ai fait mes vocalises en coupant des légumes. Je vais certainement faire mes gammes en regardant une série. Et j’aurais fini ma compo sans effort, inspirée par le chant des oiseaux que j’observais en rêvant. 

Peu conventionnel je vous l’accorde mais j’aurai pris tellement plus de plaisir à jouer. 

Je ne prétends pas avoir la solution pour créer. Je souhaitais partager avec vous une expérience et peut-être déculpabiliser, un peu, ceux qui, comme moi, souffre de perfectionnisme aigu et d’auto critique facile.

Pour ceux qui veulent tenter l’expérience je vous conseille de toujours avoir à portée de main, un calepin pour écrire ou dessiner, et un enregistreur. Bon ça c’est pour les dinosaures comme moi. Un smartphone fait tout aussi bien l’affaire.

Je vous souhaite une création libre et joyeuse. 

Amusez-vous à créer avec tous vos sens.

Hélène est une excellente compositrice et pianiste. Techniquement, rien à dire, Hélène maîtrise son Art, mais ses compositions ne rencontrent pas le public. 

La critique est sévère : « Jolie musique mais inaccessible et éthérée, elle ne nous « touche » pas. 

Hélène se sent incomprise. Elle se juge “sans talent”. Son désespoir est tel, qu’elle envisage sérieusement d’abandonner ses rêves d’artiste.  

En l’observant et en discutant avec elle, je constate qu’Hélène a toujours l’air d’être « à côté de ses pompes », au sens littéral du terme. 

Elle n’est pas “incarnée”. Du coup, ses créations ne le sont pas, non plus. 

Hélène a passé toute son enfance dans les hôpitaux luttant contre une leucémie de l’âge de deux ans à l’âge de 13 ans, faisant régulièrement des rechutes. La dureté des traitements, qui pourtant lui ont sauvé la vie, l’a fait sortir de son corps. Elle a passé la moitié de sa vie hors d’elle, en dissociation. C’est un grand classique. Lorsque le corps est en souffrance, l’esprit dissocie. Il protège. 

Cette protection indispensable au moment de sa maladie devient un handicap et l’empêche, aujourd’hui, de rencontrer son public. 

Cette absence de connexion avec le corps (via la sidération) a souvent lieu suite à un traumatisme et peut devenir une manière de fonctionner lorsqu’il est répété. 

Nous retrouvons le même type de problématique chez les adultes à haut potentiel ou « zèbres » dont on a excusé l’absence de motivation pour toute activité physique par un « oui mais toi c’est pas important, t’es une tronche! »

A quoi pourrait bien servir le corps à un cerveau aussi brillant ? Au point que ces personnes à haut potentiel se réfugient ou plutôt s’enferment dans leur mental. 

Le corps est pourtant le premier outil de contact avec le monde extérieur. Vouloir s’évader sans le corps, c’est s’aliéner. Or, pour créer, il faut pouvoir fantasmer et le rêve passe par le corps autant que par le cerveau. Nous avons tous rêvé que nous tombions. A ce moment, le corps croit réellement qu’il tombe au point parfois que notre rythme cardiaque s’accélère et que nous nous réveillons en sueur, apeurés. 

Le corps vit la chute à 100 %. Elle n’est pourtant pas réelle. Mais elle est vraie, c.a.d., vraiment perçue par le corps parce que le cerveau y croit. 

Je conseille alors à Hélène, pour se connecter à son corps, de commencer par la pratique d’une activité physique quelle qu’elle soit. Même la marche. Tout ce qui peut la sortir du mental pur. L’exercice du scan corporel (cf article “et si on se lâchait un peu la grappe ?”) est aussi un excellent outil pour ramener à la corporalité. Tout comme les exercices de respiration. 

Quant à la pratique de sa musique, je lui propose de composer avec ses autres sens et pas seulement avec son oreille. Je l’invite à explorer le son à travers son goût, son odorat, son toucher et sa vue. Je lui propose de sortir des évidences.

Mon professeur de théâtre, Luc Charpentier, répondait systématiquement à l’interjection, mêlée de colère, de l’acteur impuissant face à un exercice : 

-« Franchement là, je ne vois pas ! » 

-« Et bien change de sens ! »

La vue est d’ailleurs le sens le plus sollicité dans notre monde envahi d’images. Il est pourtant, et de loin, le moins intéressant pour la créativité.

Je mesure encore plus aujourd’hui la portée de ses paroles. Le corps vibre par les sens et nous nous réduisons bien trop souvent à un seul, comme si nous nous imposions de ne dessiner qu’en noir et blanc !

Cet exercice est valable pour toute forme d’expression créative. 

Dans la cuisine par exemple, le goût, bien entendu, est important mais imaginez, votre plats préféré : les couleurs qui se dessinent dans l’assiette, le toucher des aliments en bouche, l’odeur des fumets se dégageant de la marmite, le son du bouillon, du pain que l’on rompt, le tintement des couverts qui se rencontrent… L’eau ne vous monte-t-elle pas à la bouche ?  

Tous les sens en action sont autant de points d’inspiration et apportent sensorialité et sensualité aux créations.

Dans notre quotidien aussi, il est important questionner nos évidences et activer tous nos sens pour vibrer harmonieusement.

L’avantage, c’est que l’entraînement se fait à chaque moment de la vie…

Et vous ? Avec quel sens allez-vous jouer aujourd’hui ?

Et si on se lâchait la grappe !

En ses temps où les libertés individuelles sont mises à mal qu’en est-il de nos dictatures intérieures ?

Anaëlle, premier jour d’un stage de jeu face à la caméra. Première scène. Elle y met tout son coeur. Elle est d’autant plus motivée que son professeur de théâtre lui reproche de toujours s’observer en jouant comme si une caméra invisible saisissait chacun de ses mouvements. « On ne peut être acteur et juge » lui répétait-il sans cesse. C’est pour cette raison qu’elle tenait tant à faire ce stage. Elle y a mis ses économies. C’est parti pour trois semaines intensives.

 Cependant, l’après-midi de ce premier jour, au moment du visionnage des séquences tournées, elle fond en larme et part avant la fin du cours, au beau milieu de la séance, sous le regard éberlué du coach et de ses stagiaires. 

De honte, elle n’y remettra plus les pieds.

Elle n’a pas supporté de se voir… jouer, certes, mais pas seulement. Elle a détesté voir les défauts de son corps, de ses expressions, de sa façon de se mouvoir, sa voix… Se voir a été un choc. 

Elle est pourtant d’une grande beauté. « Alors, quoi ! De quoi se plaint-elle ? »

Tant de souffrance et tant de jugement. À sa décharge, sa beauté est plus un fardeau qu’un cadeau. Elle doit donner le change et être parfaite. Fidèle à l’image qu’on lui renvoie d’elle sans cesse. Depuis si longtemps. 

D’ailleurs, on ne lui donne que des rôles de jeune première. Jamais on ne lui a donné l’occasion de se grimer et s’enlaidir. Seulement pour le plaisir de jouer. 

Anaëlle doit répondre à une double dictature. Celle que lui infligeait le monde extérieur et pire encore, la sienne. Elle se met une pression terrible pour correspondre aux attentes des autres, ou de celles, qu’elle imagine être les attentes du milieu dans lequel elle évolue. 

Résultat, elle est dans un « hyper contrôle ». 

Or, jouer c’est avant tout lâcher prise sur le résultat. 

Garder la ligne absolument, bien s’habiller, avoir une peau parfaite, toujours bien se tenir… tout doit être parfait, mais la perfection est une illusion. 

Rappelez-vous de cette scène du dîner dans « Coup de foudre à Nothing Hill » au cours de laquelle Julia Roberts avoue avoir faim depuis une décennie parce qu’elle s’astreint à un régime et avoir eu recours à la chirurgie esthétique pour satisfaire aux exigences de son métier, avec l’épée de Damoclès des ravages du temps qui passe.

https://www.facebook.com/watch/?v=2294395217514673

La pression que subissent les acteurs (je ne parle même pas des mannequins), et toute personnalité médiatisée est incommensurable. Cela donne naissance à des troubles parfois graves de l’alimentation, des addictions (certaines drogues permettant de tenir à jeun) et du comportement.

Cette pression qui fait naître le besoin de contrôle, fait également barrage au lien avec l’autre et génère des angoisses de persécution. L’autre devient le juge et le critique. L’enfer devient l’autre avec son regard inquisiteur.

Comment bien jouer si nous nous coupons de nos sensations corporelles, nous les nions, pire,  nous les maltraitons ? 

Comment bien jouer si l’on se sent observé ? 

S’il y a gêne, il n’y a pas plaisir et s’il n’y a pas plaisir partagé (avec le public, ses partenaires…) il n’y a pas créativité.  Quelle que soit la forme d’expression artistique, elle ne peut s’épanouir dans le déni de son corps et sans la relation à l’autre.

Depuis quelques années, fort heureusement une prise de conscience de l’importance de s’aimer et s’accepter se manifeste à travers notamment le Body Positive. Chouette mouvement tant qu’il ne rejette pas les femmes considérées comme « trop » belles pour en faire partie ; comme  Anaëlle qui n’aurait finalement pas le droit de se plaindre. 

Petit aparté pour les femmes. Il ne faut pas perdre de vu que le poids (sans mauvais jeu de mot) des atavismes est énorme. Les femmes ont été mises en concurrence sur le principal critère de leur beauté et de leur fertilité pendant si longtemps. Des générations entières de femmes qui ne pouvaient s’en sortir socialement qu’en faisant un « bon mariage », et pour cela il fallait être la plus belle, pour être celle qui serait choisie. 

Le poids du transgénérationnel est encore très présent et assommant dans cette dictature de la beauté malgré les actions actuelles pour essayer d’en sortir.

Soyons tendres avec nous et essayons de nous réconcilier avec notre corps. 

Pour cela il faut cesser de le bâillonner. Le risque majeur étant qu’il finisse par se manifester et se révolter par la maladie (cf : mal à dire).  

Il existe plusieurs manières d’apprendre à communiquer et communier avec lui. Le sport, la marche, la relaxation… Il existe tellement de propositions aujourd’hui, quelle bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

Un exercice que j’aime pratiquer et que je conseille est le scan corporel. Il existe de nombreuses vidéos sur le sujet. Cela prend 10 minutes par jour. Le mieux, au lever, est de scanner d’abord son corps physique, puis ses émotions. Prendre le temps d’être à l’écoute de ce qui se passe en soi avant de s’ouvrir au monde extérieur. Simplement pour évaluer où on en est, sans jugement. 

J’aime me demander : es-tu ok avec toi aujourd’hui ? Oui ? Non ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. C’est un constat. La véritable humilité est d’être capable de constater aussi bien nos points forts que nos points faibles.

Et vous ? Êtes-vous ok avec vous ?

Quelle est votre motivation à créer ?

Laissez-moi vous partager les histoires de deux artistes « maudits » en quête de réalisation.

J’ai cinq ans. J’appelle ma mère : « Maman ! Maman ! regarde ce que je fais Maman… Maman… » Je cris de tout mon souffle, mais elle ne m’entend pas. Elle reste le dos tourné, regardant vers l’horizon et moi derrière elle, je m’agite, je pleure, j’hurle, espérant qu’elle me voit enfin… mais elle ne se retourne jamais…

Julien, 40 ans, me raconte ce rêve récurrent. Il m’explique qu’il a la plus grande peine à se réaliser en tant que comédien. Il a beaucoup de mal à trouver et réussir ses castings et se sent incapable de monter ses propres projets.

Il a tendance à attendre qu’on vienne le chercher, à l’instar de ces célibataires qui se plaignent de leur solitude mais n’agissent pas, attendant que l’âme soeur toque à leur porte. 

Il attend LE projet de sa vie, il attend qu’un directeur de casting s’intéresse à lui ou qu’un metteur en scène le prenne pour muse… 

Pire, lorsqu’il réussit à intégrer un projet, il se transforme en une insupportable diva, arrivant en retard en répétition,  exigeant un traitement de faveur, se plaignant d’être bloqué dans son jeu pour des raisons fallacieuses, critiquant ses partenaires ou les directives du metteur en scène… et finit, chaque fois, par quitter le projet ou en être évincé.

Son besoin d’être vu, entendu, reconnu est tel, qu’il se saborde.

En outre, j’apprends qu’il s’obstine à être comédien et rien d’autre. Julien est tellement obsédé par son besoin de reconnaissance qu’il en a mis de côté deux autres talents : la peinture et l’écriture. Le peu qu’il ose montrer est d’une qualité remarquable, mais il a préféré arrêter pour se consacrer uniquement à sa carrière d’acteur ; pour être au centre de toutes les attentions.

Quelle erreur ! En faisant cela il a bloqué toute sa créativité. Seul son besoin intrinsèque de reconnaissance a motivé son choix de s’interdire de créer autrement qu’en jouant la comédie. 

Je lui ai alors proposé de reprendre la peinture et l’écriture. De s’y plonger entièrement et de laisser jaillir toute sa créativité frustrée, quitte à mettre de côté, dans un premier temps, sa carrière d’acteur. Accueillir et reconnaître son expression artistique sans jugement, comme elle vient, sans décider de la manière dont elle s’exprime à travers soi. Pas simple à entendre mais c’est, à mon sens, un passage obligé pour repartir sur des bases saines en tant que comédien. 

À condition toutefois que son urgence à créer ne soit pas motivée par des besoins narcissiques. 

L’expression artistique ne peut pas être le fruit d’un besoin égotique de reconnaissance au risque d’engendrer un comportement destructeur pour soi et/ou son entourage.  D’autant plus que c’est réducteur. Pourquoi vouloir regarder par le trou de la serrure alors qu’il suffit d’ouvrir la porte ?

Loin de moi l’idée de le juger. Abandonné, à l’âge de quatre ans, par une mère dépressive et battu par son père, il s’est construit dans la maltraitance et la non-reconnaissance. 

Les épreuves que nous rencontrons dans l’enfance régissent nos comportements futurs si nous n’en prenons pas conscience. 

Comme pour Léa, qui a toujours aimé écrire des histoires et dessiner, non sans talent. Enfant déjà, son coup de crayon était précis et son imagination sans limite.

Malheureusement, à l’école primaire, elle était harcelée par une autre petite fille plus âgée. Au grand damne de Léa, son bourreau ne se contentait pas de lui voler ses goûters. Elle lui volait aussi ses créations.

Lors d’un concours de poésie, elle s’était octroyée les meilleurs textes de Léa, recevant, ainsi les lauriers du public à sa place. Elle obligeait Léa à faire pour elle les dessins qui illustraient les poésies à apprendre. Léa inventait, donc, deux illustrations totalement différentes pour éviter la punition pour plagiat. 

Ironie du sort, la petite voleuse obtenait de meilleures notes que Léa.

Au lycée, la malédiction continue avec le frère, quelque peu fainéant, de Léa. Ils étaient dans la même classe et soucieuse de le protéger, elle lui faisait souvent ses devoirs. Elle rédigeait alors deux dissertations. Une pour lui, une pour elle, en prenant soin d’inventer deux histoires totalement différentes. Là encore, la plupart du temps c’est la rédaction qu’elle avait écrite pour son frère qui obtenait le meilleur résultat.

Dans les deux cas, Léa commençait par faire les « devoirs » pour l’autre, lui donnant son maximum et ne gardant que les « restes » d’inspiration pour elle.

Léa avait un sens du sacrifice exagéré, entretenu par l’exemple d’une mère qui sans cesse exprimait son sens du devoir et ses frustrations.

Comble de tout, en cours de dessin, son professeur refusait de croire qu’elle était l’auteur de ses meilleurs dessins, l’accusant de l’avoir fait faire par quelqu’un d’autre ! Elle, qui passait son temps à faire pour les autres !

Son sentiment d’injustice était à son comble. Dégoûtée, elle ne se voyait plus que comme une artiste « maudite ». Il est facile après tout cela de se victimiser et de baisser les bras. 

De ces expériences malheureuses, est né un sentiment de non reconnaissance et d’illégitimité, bloquant sa créativité.

Adulte, elle est devenue incapable d’aller au bout de ses projets artistiques. Dès qu’il s’agit de créer pour elle, tout est bloqué, comme suspendu dans le temps. En revanche, elle excelle dans les projets des autres. 

En faisant un travail sur elle-même, elle en conclut que sa créativité s’exprimait essentiellement au service des autres et non pas dans un besoin de reconnaissance personnelle. 

Au lieu de le vivre comme une « malédiction », elle finit par comprendre qu’elle pouvait exprimer sa singularité au service du plus vaste. C’est alors que sa créativité a pu se développer. Pas seulement dans les projets des autres d’ailleurs, mais parce que sa création est motivée par l’envie d’apporter une pierre à l’édifice de la grande roue de la vie. Les enfants sont l’exemple parfait du don de soi dans l’Art. Ils offrent facilement leurs dessins ou leurs spectacles. Seulement dans le plaisir du partage.

Attention ! quand je parle de « don de soi » ou d’être « au service de », je ne parle pas de gratuité mais d’état d’esprit. La création, et par conséquent les artistes, doivent évidemment être rétribués à leur juste valeur afin de pouvoir vivre de leur art et continuer à créer librement.

Il n’est pas question de charité, mais de motivation, de ce qui pousse à créer au-delà de l’égo. La création offre un autre regard, éveille, ouvre les consciences et à ce titre est vitale, quel que soit le média utilisé. 

C’est pour cette raison que lorsque je m’occupe d’un artiste je lui demande toujours : 

« Quel est ton propos ? Quel est ton objectif ? Avec quelle envie souhaites-tu que le public reparte après avoir vu, lu, entendu ton oeuvre ? « 

Tout est dans la motivation à créer. Et vous quelle est la vôtre ?

Et si nous osions sublimer nos vies !

Laissez moi vous raconter l’histoire de Joël, venu me consulter pour essayez de trouver une solution à son mal être. Joël est arrivé à mon cabinet stressé, surmené et débordant de colère. Une colère si intense qu’elle nuisait à ses relations et commençait à impacter sa santé (lumbago, début d’ulcère et vertiges).

Lors de nos échanges, il me confie avoir toujours rêvé de faire du piano mais n’avait jamais eu le temps ni l’opportunité de s’y mettre. 

« Maintenant c’est trop tard… je suis trop vieux » me dit-il.

Je lui ai alors proposé deux challenges :

Le premier étant d’écrire tous les jours, à heure fixe, tout ce qui lui passe par la tête, même juste une phrase. Et pour être certain de ne pas oublier, de mettre une alarme sur son téléphone. 

Le deuxième étant d’impérativement commencer à prendre des cours de piano. Peu importe son âge, il devait imposer ce temps dans son planning.

Il l’a fait. 

Aujourd’hui, au bout de 6 mois de pratique, il est capable de jouer des morceaux du niveau d’un pianiste qui étudie depuis 3 ans. 

A croire que sa frustration était à la mesure de son talent !

Sa colère et son agressivité sont tombées en flèche.

Bien entendu cela n’a pas résolu toutes ses problématiques mais cela a largement contribué à ouvrir une fenêtre permettant un travail en profondeur.

Il a tout simplement sublimé son agressivité.

En cette période trouble, si anxiogène que les peurs font ressurgir en nous nos instincts grégaires de défense et d’agressivité et où l’art est relégué au second plan voire encore plus loin, je tenais à rappeler le principe vital de la sublimation.

La sublimation est la transformation des pulsions sexuelles et agressives (qui ne connaissent rien d’autre que la réalisation immédiate de ses buts dans l’ignorance des conséquences, tant vis-à-vis du sujet que vis-à-vis des autres) en expression « plus acceptables » en société : activités intellectuelles, culturelles, sportives…

Il existe un débat quant à la définition de la sublimation dans lequel je ne vais pas rentrer. Ce qui m’intéresse, ici, c’est que les fonctions pulsionnelles se transforment en pratiques ludiques, compétitives ou artistiques tout en gardant l’intensité de la pulsion. D’où l’implication et les sensations si fortes que l’on peut éprouver lorsque l’on crée. Mon professeur de théâtre (Luc Charpentier) nous disait toujours: « une création doit être vitale pour l’artiste, si non elle ne peut pas naître ».  

C’est tellement juste… Créer c’est vivre dans l’exaltation. Peu importe le résultat. Créer c’est exister en exprimant sa singularité.

Alors créez autant que vous le pouvez! Quel que soit le moyen d’expression.

Cuisinez dans le plaisir en osant innover dans le mélange des saveurs et des couleurs. Enivrez-vous des fumets qu’il en ressort. Riez quand la tentative est ratée. Oubliez la perfection. Prenez juste le temps du plaisir de créer.

Osez mettre la musique que vous aimez, celle là même que vous n’osez pas assumer en public mais qui vous a toujours fait vibrer. Montez le son et chantez comme une rock star. 

Dansez la vie aussi souvent que possible, et faites-le en osant tous les mouvements que nous ne faisons pas dans une soirée, trop inquiets du regard des autres.

Osez sortir de votre dictature intérieure qui vous impose la perfection si non rien !  Exhumez les colères, les tristesses qui vous rongent, en créant ! Seuls dans un premier temps puis, pas à pas, laissez vous la liberté d’oser le faire devant l’autre. 

Qui de cette recette de gâteau au chocolat et au vin que vous avez inventée et que vous allez faire goûter à vos amis.

Qui d’afficher son plus beau dessin bien en évidence mais peut-être pas encore signé.

Qui de ce pas de danse ridicule en incitant vos partenaires à vous imiter.

J’ai moi-même eue l’inspiration de cette article, en osant danser nue (seule évidement), musique à fond dans la piscine d’une maison de vacance.

Dans sublimation, il y a sublime ! Créer est un cadeau que vous faites au monde et à l’humanité. Quel que soit le résultat il rend grâce à la vie qui, à n’en pas douter, vous donnera en retour.

Pour finir, je vais vous partager une anecdocte illustrant mon propos :

Nous étions, mon compagnon et moi, en train de prendre un Café dans une boulangerie. A quelques tables plus loin, une femme accompagnée de deux amies s’amusait à chanter les situations qu’elle observait. 

« La femme chocolat » d’Olivia Ruiz en partageant sa brioche avec ses amies.

« Lily » de Pierre Perret au passage des éboueurs devant l’établissement…

Nous regardant, elle s’est mise à chanter « Quand on a que l’amour » de Brel. Nous l’avons chaleureusement applaudie, touchés par cette dédicace attentionnée. 

Sur le parking, au moment de grimper sur notre deux roues, la même femme nous interpelle « oh motards en plus »! Spontanément, inspirée par sa liberté, je lui chante « L’homme à la moto » de Piaf. 

Elle me regarde, surprise, avec un grand sourire et me propose de rejoindre la chorale qu’elle dirige. Je n’ai pas une voix exceptionnelle, non. 

J’ai juste osé… et la vie a relayé. 

L’Art est vital, certes, mais il est avant tout un don sublime à l’autre et à la vie. Il élève les consciences et nous permet de sortir de nos bas instincts.

Alors, libérons-nous du jugement des autres et donnons-nous ainsi qu’aux autres la permission de créer.

Et pour ceux qui auraient envie de franchir le pas mais n’osent pas encore l’assumer complètement, je me propose de vous permettre de le faire en accueillant vos créations, en toute discrétion en MP sur facebook ou par mail. 

(Ré)apprendre à jouer

Comment tu présenterais ton approche du théâtre pour les personnes après l’épreuve de la maladie ?

Le théâtre comme on le sait est une catharsis. Il permet d’exulter et de transcender toutes sortes de problématiques, difficultés, mal-être… et ce, quelque soit son histoire personnelle.

Associer les techniques de théâtre à une écoute et une approche psycho-thérapeutique en tant que praticienne en phénologie offre une possibilité accrue aux participants de libérer en toute confiance leurs émotions afin de les dépasser.

Dans un travail thérapeutique, la prise de conscience ne suffit pas. Elle doit, pour être intégrée par le patient, être entérinée par une action.

L’écriture, le dessin, la poterie… Toute forme d’art permet de reconnecter au soi. Le théâtre est un de ces outils. Et à mon sens un des plus forts parce que sur un plateau de théâtre tout est permis, sans jugement, et parce qu’il se fait devant témoin.

Le théâtre permet entre autre de :

Passer par le « jeu », le plaisir, la verbalisation et l’expression du corps.

Oser se challenger. Se rendre compte de ce qu’on est capable de faire.

Reprendre confiance en soi.

Modifier le regard qu’on porte sur soi et que l’autre porte sur soi.

Se reconnecter à l’autre par le jeu des rapports et relations.

Se réconcilier avec son corps, son potentiel de séduction, sa sexualité.

Reprendre le pouvoir sur sa vie.

Suite à une longue maladie,  il a fallu se battre pour survivre. La maladie a pris une place prédominante, au point même que certain ne s’identifie plus autrement qu’à travers elle, au point qu’ils se sont déconnectés de leur corps, qu’ils perdent tout repère avec le monde extérieur à la maladie (ils fréquentent essentiellement d’autres malades ou le corps médical).

Quand leur unique objectif est de survivre (ils abandonnent l’idée de faire des projets), ils évitent d’entrer en contact avec leurs émotions et leurs sentiments. Ils se protègent. Ils vont même jusqu’à se dissocier d’une part émotionnelle importante d’eux mêmes.

Le théâtre (avec une approche thérapeutique) va aider à dissoudre ces résistances et ces barrières qu’ils se sont forgés pendant la maladie.

Le théâtre va leur permettre de reprendre contact avec leur valeur, leur qualité, leur force et leur plaisir : leur singularité.

Plaisir du jeu, plaisir d’être avec les autres, plaisir d’être. Tout simplement.

Le théâtre va les aider à se réconcilier avec leur corps pour qu’il ne soit plus seulement objet de souffrance.

Par le biais des techniques théâtrales, les parts émotionnelles qui se sont dissociées (par protection) vont se réintégrer en douceur à leur personnalité.

Que constates-tu durant tes cours (les problématiques récurrentes)?

Le plus souvent à cause de la maladie et des souffrances physiques qu’ils ont endurés, les patients  sont « fâchées » avec leur corps. Ils dissocient corps et esprit. Comme ils ont dû « prendre sur eux » vis à vis de leur entourage, ils se sont aussi beaucoup coupés de leurs émotions. Ils ne s’autorisent pas à se laisser aller à leurs émotions. Ils vont donc au départ être dans une forme de retenue; comme s’ils n’y avaient plus droit.

Il en est de même quant à leur pouvoir de séduction. Généralement ils ont « abandonné » cette partie d’eux même comme si ce n’était plus possible pour eux d’y avoir accès. Parce que leur corps a changé, parce qu’ils sont « marqués » par la maladie. Ils résistent à se reconnecter à certaine partie de leur corps.

Les dommages collatéraux liés à la maladie comme la perte de leur emploi, l’incompréhension de l’entourage, le conjoint(e) qui part… les isolent et leur fait perdre confiance en l’autre et en eux même. ils vont donc au départ résister à l’idée de se montrer sans carapace.

Quel est le résultat au bout de quelques mois ?

Petit à petit, grâces aux exercices de théâtre, ils vont d’abord s’autoriser à prendre du plaisir (ce qui n’est pas évident quand pendant plusieurs mois leur vie est rythmée par la souffrance).

Plaisir de jouer, de fantasmer aussi. Ils se laissent rêver. L’imaginaire reprend sa place. Faire semblant, c’est déjà commencer à éprouver et à faire.

Ils se reconnectent petit à petit, et tout à fait inconsciemment, à leur corps puis à leurs émotions.

Ils osent beaucoup plus les exprimer et ne plus les percevoir comme des ennemis à cacher.

Ils s’apprivoisent au regard de l’autre. Première étape pour reprendre confiance en soi.

Ils se rendent compte qu’ils sont capables de monter sur scène devant les autres et D’EXISTER à travers un personnage et un texte qu’ils auront crées.

Dans la mesure où ils créent, ils osent montrer une part d’eux même et le laisser vivre, ce qu’ils s’étaient interdit.

Ils s’octroient le droit de vivre dans le plaisir, le temps du jeu.

C’est très guérisseur.

L’impact sur leur quotidien est inconscient mais réel parce que leur comportement va bouger au fil des semaines car l’inconscient continue de travailler même après les séances.

C’est un réel plaisir de voir l’évolution de chacun et la renaissance à travers le simple plaisir de JOUER.